William Braxton

I tried to forget you but….
Jacob Black

J’avais couru, couru sans m’arrêter. Je ne le voulais pas. Partir loin était mon unique désir. Les mots écris de la main de ce buveur de Sang, mots que je n’’avais lu qu’une fois mais qui m’obsédaient, résonnaient dans ma tête. « A ta place, j’aurais aimé avoir le choix » . Eh bien pour ma part, j’aurais aimé qu’Edward Cullen ne réapparaisse jamais dans la vie de Bella. J’aurais aimé qu’elle ne saute pas de ces falaises un an plus tôt, qu’Alice ne puisse pas avoir de visions. Je savais qu’avec plus de temps, j’aurais su la rendre heureuse. Je n’avais pas cru une seule seconde que la sangsue avait été sincère dans cette lettre. Pourquoi Bella ne m’aurait t’elle pas invitée ? Pour ne pas me faire souffrir ? Quelle ironie.
Je continuais à avancer, sans que je sache ou j’allais. Je sentais simplement mes pattes légères se déposer sur chacune des surfaces que je traversais à toute allure : sentiers de sable, herbe fraiche… Plus j’accélérais plus je sentais une sensation de liberté grandir en moi. En quelques heures simplement j’atteignais Seattle. Pourtant j’avais l’impression de n’avoir fait que quelques pas. Durant des jours je galopais. Je savais, je sentais que la meute tentait de me localiser. Chaque jours ils se transformaient, tachaient d’essayer de prendre de mes nouvelles. Les limites de la pensée étaient infinies. Pourtant je prenais grand soin de les ignorer. Je ne voulais pas partager mes problèmes, je voulais simplement être seul et fuir la triste réalité. Dans quelques semaines, les lèvres glacées d’Edward effleureraient puis mordrait la gorge de celle que j’aimais. Comment pouvais-je avoir envie de rentrer ? De toute manière je ne la reverrais jamais, elle deviendrait mon ennemie. Alors pourquoi rester à La Push?
J’allais entamer une nouvelle vie, loin d’elle, loin d’eux. Chaque fois que je pensais à Isabella Swan Cullen au fil des jours, je m’obligeais à courir encore et encore pour vider mon esprit. Jusqu’à ce que je comprenne que je n’y arriverais pas. Alors enfin, je stoppais mon périple. J’étais alors non loin des frontières mexicaines.
Je m’installai dans un vieil hôtel. Et j’attendais…quoi ? Je n’en n’avais absolument aucune idée, peut-être que ma douleur s’estompe. Ou alors que j’oublis, ou encore que j’ai le courage de reprendre mon voyage. Je n’occupais pas mes journées très glorieusement. Bien au contraire. Je devenais un vrai voyou… une racaille. Au Mexique l’on vendait de n’importe quoi à n’importe qui. Alors je m’enlisais dans l’alcool. Mon corps finissait par s’habituer aux excès. Le premier jour, je vomissais, le deuxième une fois encore. Au bout d’une semaine le liquide brulait juste mon estomac. Le tabac également me donnait une satisfaction effrayante certes mais réelle. Ce fut dans ces jours-ci que je compris l’état d’esprit des alcooliques, des drogués. En touchant à ces cochonneries l’on éprouvait un bonheur artificiel.
Je ne sais combien de temps je continuais à me transformer en un dépravé. Il me semblait que j’allais bien, que ce sourire béat le prouvait. Pourtant, je finis par me lasser. Je n’étais pas stable… Je me sentais mal. Les remords commençaient à m’assaillir. J’eus une prise de conscience brutale mais efficace. J’abandonnais la meute pour quoi ? Tenter d’oublier un passé dont je n’avais pas à avoir honte. Pour essayer d’oublier alors que je savais que mes blessures ne cicatriseraient jamais. Que devenaient Sam, Quil, Embry, Leah et les autres ? Les avais-je laissés dans une extrême détresse ? Et Billy ?
Je ne sais plus exactement comment mais je pris la décision de revenir à Forks, à la Push. J’avais été accueilli à bras ouverts, je leur avais manqué avaient t’ils dit. Je ne méritais pas cette attention, pourtant et me demandais si la rancune habitait leur cœur à tous… Je ne le su pas, bien que je puisse lire dans leurs pensées à notre mutation. Mes frères prenaient tous soin de ne jamais penser à ma fugue. Ni à Bella Swan d’ailleurs certainement par respect.

Bella Swan Cullen, jeune fiancée… Chaque jour je souffrais en silence mais parvenais à ne pas trop songer à elle ni à sa famille vampirique. Je ne guérissais pas, oh non, mais réussissait à substituer mes pensées la concernant par d’autres. Un art que j’expérimentais d’autant plus que la meute surveillait chacun de mes propos, gestes ou pensées. Pourtant le fameux jour arriva…le mariage…
Nous étions le 13 Aout, j’étais revenu depuis disons, 2semaines. J’avais instauré un compte à rebours. Ce matin-là, je m’en souviens, je m’étais levé le cœur battant la chamade. Je n’avais toujours pas prit de décision … aller a l’église, à la fête ? Ignorer l’évènement ? Je compris que Bella aurait souhaité ma venue. J’avais muri depuis mon retour, réfléchi… Sur un coup de tête alors, j’enfilais mon plus beau costume et prit ma voiture. Je devais l’apercevoir… il le fallait. Arrivé devant le lieu de cérémonie pourtant je restais figé sur place, sur le trottoir d’en face à fixer la porte. J’étais en retard, les vœux éternels étaient surement en train d’être prononcés et je ne pouvais bouger. Dehors une superbe sortie avait été organisée. De nombreux ballons de baudruche étaient accrochés, les ficelles entrelacées de roses… Je rêvassais ainsi quand j’entendis un bruit. Ça y est les mariés allaient sortir, je n’en croyais pas mes yeux.
Je crus suffoquer quand je la vis. Elle était tout simplement superbe. Habillée d’une robe blanche et affublée d’un long voile traditionnel, elle affichait un sourire merveilleux, ne sachant où donner de la tête. Edward à ses cotés rayonnait également mais il ne dégageait pas cette impression de vouloir envahir son entourage de bonheur. Bella Cullen. Elle était sublime, je soupirai. Alors celle-ci sembla détourner les yeux de Charlie pour les river…vers moi, sur moi. Mon poing se serra, la jeune fille m’observa l’espace d’une demi-seconde, elle semblait sourire. Ou peut-être me faisais-je des idées. Et moi en imbécile, mes pieds collé au béton, je restais sur mon expression neutre.
Mais elle m’avait vu j’en étais certain. Pour ma part, je m’en allai seulement 5minutes après cette scène, je n’aurais supporté de me joindre à eux. Billy y était, Seth aussi, il était devenu ami avec Edward pour mon plus grand désespoir. Mais moi je m’enfuis…une fois encore, secouant la tête tandis que j’avais une impression de déjà vu…
Je pleurais durant toute la journée, en silence, en cachette. C’était la dernière fois que je l’apercevais, ce matin-là, j’en étais certain. Je frissonnais en imaginant la scène qui se déroulerait le soir même. Je l’avais imaginé tant de fois mais aujourd’hui était pire que tout. Je sombrais dans un sommeil mouvementé très tard…


L’obsession que je portais au couple marié dura des jours, des semaines. Jusqu’à ce que je me lasse. Ou que mon cerveau sature peut-être. J’occupais mes journées à tuer le maximum de vampire, quitte parfois à agir seul. Cela me servait peut-être de vengeance ou de défouloir. Tuer les semblables d’Edward en apparence me satisfaisait partiellement. Il m’avait enlevé Bella à jamais, mon humaine pour la transformer en monstre. Cette réalité me frappait en plein fouet lorsque je contemplais ensuite mon œuvre, mon meurtre réalisant que ça aurait pu être elle.
Je recommençais à boire, modérément mais je buvais. J’avais parfois l’impression que je ne sourirais plus jamais comme avant, comme lorsque j’étais jeune et innocent, comme lorsque je faisais de la moto avec Bella ou simplement que je passais du temps avec elle. Lorsque je me sentais bien c’était un petit sourire en coin triste qui s’affichait sur mon visage. C’était du moins les mots de Quil.
Le temps passa, je n’avais plus de nouvelles de la jeune femme. Elle qui m’écrivait avant ne prenait même plus la peine de songer à moi. Surement vivait-elle pleinement sa nouvelle expérience, son immortalité. L’hiver arriva, nous étions en janvier. Tout était d’un monotone à la Push. Le dernier évènement avait été l’union de Sam et Emily en novembre, peu après la fête de mes 18ans qui m’avait été très décevante. Ce fut d’ailleurs à partir de cette date, au mariage, que pour ma part je me rapprochais de Leah. Bizarre me direz vous. Je l’avais toujours prise pour une peste, une briseuse de moral… Pourtant je devins son meilleur ami et elle ma confidente. En réalité son expérience amoureuse ressemblait quelque peu à la mienne ce qui m’avait poussé à dialoguer avec elle premièrement. Le reste avait suivi. Nous nous taquinions souvent tels deux enfants. Même si je n’étais pas heureux elle m’aidait c’était certain. Elle savait être franche directe…
Franche, directe…oui c’était exactement ce qu’elle avait été lorsqu’elle rencontra par hasard Bella Swan Cullen. Ce fut un 10janvier donc qu’elle débarqua chez moi comme hystérique :

-Jake ! Tu ne devineras jamais à qui je viens de parler ?! A Bella Swan Cullen, elle est humaine Jacob. Je ne sais pas pourquoi mais elle est humaine. Ne te réjouit pas trop, elle portait son alliance, elle est toujours avec sa sangsue mais n’en n’est pas devenue une. Je lui ai passé un de ses savons.

Trois sentiments très contradictoires m’envahirent. Le premier étant l’euphorie, la joie. Bella n’était pas un vampire !!! Le deuxième était l’incompréhension mais pourquoi ? Et enfin je ressentis une fureur extrême envers Leah, elle lui avait parlé, lui avait raconté que j’avais souffert. Je détestais la pitié, ne voulais pas que Bella cède à cette réaction.
Cette colère s’adressait également à Miss Cullen. Pourquoi ne m’avait t’elle pas contactée pour m’annoncer la nouvelle, pourquoi n’avait t’elle pas essayé de reprendre contact ? Je fulminais intérieurement. Cette fois c’était clair, il était temps que je tire un très sur elle !! Tout simplement parce qu’elle m’avait oublié, elle.